Je me souviens d’une fête aux Vergers. Une scène et de la musique et des gens qui dansent. Une fanfare (festive) s’époumone, la foule joyeuse s’invite alors à parader avec les musiciens. Des rires et des chants intergénérationnels. Car les enfants de cet endroit ne semblent pas être parés des codes normatifs qui s’imposent inlassablement dans tous les autres quartiers de la ville. À ce moment là, et à mes yeux, ils ne semblent pas avoir de réticences à se mélanger aux vieux, aux filles, aux extravagants. Ils sont libres.
J’écarquille les yeux. Car à travers eux je viens de découvrir une nouvelle tribu. À Meyrin.
Et séduisante en plus.
Je photographie comme un fou…
Quand je passe aux Vergers, je m’efforce de revenir chaque fois avec un regard renouvelé et sans aucune attente précise. Je m’astreins à voir le quartier dans son ensemble, à partir du principe que les tribus qui cohabitent ont toutes les bonnes raisons de penser comme elles pensent et de vivre comme elles vivent, de décorer leur balcon à leur manière, de signifier le quartier. Je cherche parfois – souvent – le grain de sable : l’immeuble désespérément vide, les voitures omniprésentes. Je m’émeus devant une fleur qui a soif, un âne qui déboule d’un chemin, la lumière d’un soir qui incendie le quartier. La neige qui s’invite.
Ce sont tous ces contrastes, contradictions, divergences, oppositions, de genres ou d’idéaux, qui font un quartier.
En cela le quartier des Vergers est tellement bien fait.